Depuis plusieurs années, je traverse des périodes de dépression de façon récurrente.
Adolescente, ma mère me disait avec légéreté et reproche que j'étais "bipolaire ou neurasthénique", sans prendre réellement au sérieux mon mal-être, pensant que je prenais plaisir à cultiver la mélancolie.
Je me sentais seule durant ces périodes et surtout anormale. Je rencontrais des difficultés dans ma vie professionnelle et sociale.
En réalité, je souffrais du trouble dysphorique prémenstruel.
Qu'est ce que le trouble dysphorique prémenstruel ?
Origine
Le trouble dysphorique prémenstruel, ou TDPM, est une forme aggravée de syndrome prémenstruel.
Alors que 80 à 90% des femmes subiraient le syndrome prémenstruel, seul 3 à 8% seraient concernées par le TDPM.
Le syndrome prémenstruel désigne les modifications physiques et psychologiques vécues par les femmes autour et pendant la période des menstruations.
Maux de ventres, seins douloureux, migraines, ballonnements, diarrhée, sautes d'humeur représentent une multitude de symptômes qui varie selon les femmes.
Ces symptômes sont principalement le fait des fluctuations hormonales liées au cycle menstruel.
Le trouble dysphorique prémenstruel présente une exacerbation de certains symptômes, notamment psychologiques.
Symptômes
Les femmes atteintes de TDPM voient leur vie quotidienne bouleversée par leur cycle menstruel.
Ce trouble démultiplie l'intensité des symptômes psychologiques liés aux menstruations : la déprime devient dépression. Une dépression trop souvent incomprise et mal perçue.
Comme la dépression refait surface de façon ponctuelle puis disparaît avec les règles, elle est souvent considérée comme superficielle ou simulée.
Malheureusement, il n'en est rien, et même s'il existe divers degrés de détresse, certaines personnes peuvent avoir des envies suicidaires, perdre toute joie de vivre, avoir des accès de violence envers elles-même ou autrui. Les émotions deviennent incontrôlables, un véritable handicap dans sa vie personnelle et professionnelle.
Le syndrome prémenstruel a d'ailleurs été invoqué lors d'un procès au Royaume-Uni pour plaider l'irresponsabilité dans une affaire de meurtre.
Le SPM comme le TDPM peuvent aussi révéler une vulnérabilité sous-jacente.
C'est pourquoi une thérapie représentera toujours une bonne option.
Traitement
A l'heure actuelle, les traitements proposés ne font qu'atténuer les symptômes car l'origine du trouble dysphorique prémenstruel reste mystérieuse (la science ne s'est intéressée aux femmes que sur le tard).
Les soins proposés sont les mêmes que ceux préconisés pour soigner une dépression : psychothérapie, activité physique, méditation, anxiolitiques, médecine douce,...
Si vous êtes concernée, je vous recommande de consulter un spécialiste et de tester différentes méthodes pour améliorer votre situation.
Mon expérience avec le TDPM
Autodiagnostic - Prise de conscience
C'est mon conjoint qui m'a permis de lever le voile sur l'origine de mes états dépressifs.
Après plusieurs années de vie commune, il m'a fait remarquer que nos conflits avaient toujours lieu à la même période du mois. Cela m'a ouvert les yeux sur la corrélation indéniable de mon état psychologique et de mes menstruations.
A partir de ce constat, j'ai mené mes recherches et j'ai enfin pu mettre un nom sur mes souffrances.
Aucun personnel médical (médecin traitant comme gynécologue) n'avait jamais évoqué ce trouble lors de mes multiples consultations pour dépression.
Un corps médical peu informé
Malheureusement, comme dit plus haut, les maux typiquement féminins ont mis du temps à intéresser les scientifiques. Le mystère des règles demeure donc même si les choses évoluent et que de nombreux travaux sont en cours, laissant espérer l'apparition de traitements plus ciblés.
Le voile sur l'endométriose a été levé, peut être que celui sur le TDPM finira par l'être également.
En attendant, Internet est là, c'est une mine d'informations, certes plus ou moins fiables, qui offre au moins une réponse aux personnes atteintes de troubles rares.
Vivre avec
Depuis que j'ai pris conscience de l'origine de mon mal-être, les choses sont devenues un peu plus faciles. La culpabilité a disparu.
Je ressens plus de compassion envers ma personne, j'essaie de prendre du recul quand mon état me le permet.
C'est pourquoi le diagnostic est capital, il permet une déculpabilisation salvatrice.
On ne devrait pas se sentir coupable d'être en dépression ou être jugé faible parce qu'incapable de contrôler ses émotions.
J'espère que cet article vous aura apporté des informations enrichissantes, n'hésitez pas à partager vos expériences en commentaire, que vous soyez concernées par le syndrome prémenstruel ou le trouble dysphorique.
Souffrez-vous de difficultés relationnelles pendant vos règles ?
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