Comme chaque semaine, voici les chroniques de mes dernières lectures.
Au programme: un thriller américain portant sur la disparition d'un nourrisson, un roman historique passionnant sur l'Italie du début du XXe siècle et un polar français injustement méconnu.
La Mère parfaite d'Aimee Molloy
Publié le 11 octobre 2018 chez Les Escales, traduit par Emmanuelle Aronson, 400 pages
Résumé de l'éditeur
Nell, Francie et Colette font partie d'un groupe de jeunes mères de Brooklyn qui ont fait connaissance pendant leur grossesse. Le soir du 4 Juillet, pour échapper quelques heures à leur quotidien, elles décident d'organiser une virée dans un bar : un répit bienvenu en ce premier mois d'été caniculaire. Elles parviennent même à convaincre Winnie, la mère célibataire du groupe, de confier son nouveau-né à une baby-sitter. Mais lorsque Winnie rentre chez elle et découvre que son fils a disparu, la soirée tourne au drame.
Dans un Brooklyn étouffant, alors que l’enquête piétine et que la police accumule les erreurs, Nell, Francie et Colette se lancent dans une course effrénée pour retrouver l'enfant.
Jusqu'à ce que les médias s'emparent de l'affaire et fassent de leurs vies, en apparence si parfaites, le centre de toutes les attentions...
En faisant exploser le vernis d'existences bien ordonnées, Aimee Molloy livre une critique grinçante des pressions subies par les mères dans notre société. un roman rare, à la fois captivant et pertinent.
Mon avis
Aimee Molloy, avec ce premier roman, livre un thriller psychologique fascinant.
Les "Mères de mai" forment un groupe de jeunes mamans new-yorkaises très hétéroclite. Ces femmes se sont connues par l'intermédiaire d'un site internet et se retrouvent assez régulièrement dans un parc pour causer maternité.
Un jour, elles décident d'organiser une soirée sans enfants, afin de souffler un peu, d'apprendre à mieux se connaître.
Mais un incident tragique va bouleverser cet événement tant attendu. Midas, le bébé de Winnie va disparaître, alors qu'il est gardé par sa nourrice Alma.
Une enquête s'ouvre pour retrouver le nourrisson et les soupçons se portent assez rapidement sur la mère du bébé, ancienne actrice de série à succès, mère célibataire mystérieuse.
En parallèle de l'enquête policière, trois mères vont essayer de comprendre ce qu'il s'est passé ce soir-là.
Les quatre personnages principaux, Winnie, Colette, Francie et Nell, sont des femmes très différentes. Par l'intermédiaire de chapitres donnant successivement la voix aux différents protagonistes, l'auteure nous dévoile le passé de ces femmes et leurs conditions de vie.
Ce procédé narratif fait du roman un page-turner efficace, sert l'intrigue policière en mettant le lecteur sur des pistes variées et offre l'opportunité à Aimee Molloy de décrire avec réalisme la maternité.
Les républicains, conservateurs, critiquent ces femmes qui osent revendiquer un droit à la légèreté malgré leur statut de mère. L'auteure dénonce le machisme et l'archaïsme d'un pan de la société américaine en mettant en avant la violence de tels jugements de valeur.
Un thriller engagé, aux personnages féminins attachants, qui offre au lecteur une fin à la hauteur.
Ma note ★★★★☆
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Merci aux éditions Les Escales et au site de NetGalley pour ce service presse numérique
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Maria Vittoria d'Elise Valmorbida
Publié le 19 septembre 2018 chez Préludes, traduit par Claire Desserrey, 448 pages
Résumé de l'éditeur
1923, dans un hameau perdu au coeur des Dolomites. Maria Vittoria est une jeune femme belle et discrète. Quand son père désigne pour elle son futur époux, Maria s'incline, et bientôt le couple fonde un foyer et ouvre un magasin. Or l'ombre du fascisme et la menace de la guerre pourraient bien rompre l'équilibre et séparer les familles.
Entre amour et haine, jalousie et générosité, foi et raison, Maria devra choisir son destin. Au prix, parfois, d'immenses sacrifices...
Avec Maria Vittoria, Elise Valmorbida livre un sublime portrait de femme et nous donne à voir le visage authentique d'une Italie Méconnue.
Une saga poignante, en cours de traduction dans sept pays, qui n'est pas sans rappeler Suite française d'Irène Némirovsky ou encore La Bicyclette bleue de Régine Deforges.
Mon avis
Elise Valmorbida, auteure australienne d'origine italienne, dresse le portrait d'une femme vaillante qui tentera, dans l'Italie de la première moitié du XXe siècle, de survivre à la guerre et de protéger sa famille.
Dès les premières pages du livre, le lecteur est plongé dans l'Italie rurale, au sein d'une famille traditionnelle, pieuse et patriarcale.
Maria Vittoria est bonne à marier, ses parents lui trouvent un époux convenable et la jeune fille découvre peu à peu sa vie de femme. Elle et son conjoint, Achille, ouvrent une épicerie dans un village proche, ont plusieurs enfants. Ils vivent dans la prospérité jusqu'à ce que l'ombre du fascisme et de la guerre vienne menacer leur bonheur.
Avec une écriture très contemplative et une certaine lenteur, l'auteure convoque l'imaginaire du lecteur, lui permettant de découvrir un pays riche de croyances et de traditions.
Le contexte historique de l'oeuvre est passionnant, nous suivons la vie de Maria Vittoria sur plusieurs décennies, par "tranches de vie", ce qui permet de constater l'évolution, non seulement des personnages, mais également de la situation politique du pays et de la société. Les descriptions et informations historiques fournies par l'auteure sont très riches, cette plongée dans l'histoire moderne est très enrichissante.
Le personnage de Maria Vittoria est fascinant, c'est une femme intelligente et courageuse. Très pieuse, cela ne l'empêchera pas de commettre l'irréparable dans l'espoir de secourir sa famille.
Dans le roman, Elise Valmorbida donne d'ailleurs la parole à une petite madone, statue qui accompagne Maria depuis sa jeunesse, et qui représente, en quelque sorte, sa conscience. Ces courts passages rendent le personnage de Maria encore plus touchant, ouvrant la porte de son intimité, dévoilant sa peine et ses remords.
J'ai beaucoup aimé ce roman intimiste et historique. L'écriture délicate et précieuse de l'auteure m'a transporté, tout comme l'histoire contée, celle d'une femme incroyablement humaine et courageuse et celle d'un pays anéanti par la guerre.
Ma note ★★★★☆
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Le Monde de Christina de Christina Baker Kline
Publié le 4 octobre 2018 chez Belfond, traduit par Marieke Merand-Surtel, 325 pages
Résumé de l'éditeur
Du monde, Christina Olson n’a rien vu. Paralysée depuis l’enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. Sa seule ouverture sur l’extérieur : une pièce remplie de coquillages et de trésors rapportés des mers du Sud par ses ancêtres, farouches marins épris d’aventures, et dont les histoires nourrissent ses rêves d’ailleurs.
L’arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu’une amitié naît entre elle et le couple, Christina s’interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d’Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l’objet d’étude d’un artiste, d’un homme ?
L’art est le reflet de l’âme. Et sur la toile, Christina redoute de voir apparaître ses failles, et celle qu’elle aurait tant désiré être…
L’arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu’une amitié naît entre elle et le couple, Christina s’interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d’Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l’objet d’étude d’un artiste, d’un homme ?
L’art est le reflet de l’âme. Et sur la toile, Christina redoute de voir apparaître ses failles, et celle qu’elle aurait tant désiré être…
Mon avis
Après avoir visionné une interview de l'auteure sur Youtube, j'étais impatiente de me plonger dans le nouveau roman de Christina Baker Kline, Le Monde de Christina.
L'auteure a de nouveau choisi un pan méconnu de l'histoire récente des Etats-Unis comme sujet central de son roman.
Nous y découvrons l'histoire de Christina Olson, qui naît en 1896 dans le Maine et souffrira toute sa vie d'un lourd handicap physique. Elle vivra dans la maison de ses parents jusqu'à sa mort, en milieu rural, menant une existence rude et solitaire.
Mais à l'aube de ces cinquante ans, un jeune peintre épousera sa voisine et éprouvera dès lors une véritable fascination artistique pour la région et particulièrement pour la maison de Christina et ses habitants.
Ce peintre n'est autre d'Andrew Wyeth, célèbre artiste américain, qui est notamment admiré pour ses toiles réalistes et énigmatiques.
La rencontre de Christina et Andy va bouleverser leur vie, une amitié sincère va naître entre eux, qui leur permettra d'exprimer leur véritable personnalité, de trouver l'écho juste à leur être profond. J'ai adoré ce roman de Christina Baker Kline, la plume de l'auteure est moderne, les personnages sont dépeints avec justesse et profondeur.
Le personnage de Christina m'a bouleversé, suivre son évolution, les épreuves qu'elle doit traverser ( sa souffrance physique et mentale, l'arrêt forcé de ses études, ses espoirs éteints, son quotidien domestique ), ne peuvent que toucher le lecteur et faire naître une grande empathie pour cette femme si courageuse. Elle se battra jusqu'au bout pour conserver sa dignité et refusera pendant des années de se déplacer en fauteuil roulant, considérant cela comme un abandon face à la maladie. L'art est au centre du roman, l'auteure nous présente un artiste passionné et nous partage son univers d'ombres et de couleurs. L'immersion est fascinante.
Le regard de l'artiste sur la vie ordinaire de Christina rend chaque objet émouvant, par son génie et sa sensibilité, il parvient à saisir l'essence et la beauté de cette vie isolée et routinière.
Même si la nature alentour est sublime, ce qui plaît à l'artiste c'est le contraste, celui de cette maison délabrée face au paysage.
L'amitié d'Andrew et Christina est merveilleuse, ils se ressemblent. Quand Andy finit par peindre son portrait, Christina est comme délivrée car elle se sent enfin comprise, c'est magnifique. Une histoire d'amitié hors du commun, le destin d'une femme handicapée dans l'Amérique du début du XXe siècle et l'émergence d'un artiste emblématique. Un roman riche et délicat, une très bonne lecture.
Nous y découvrons l'histoire de Christina Olson, qui naît en 1896 dans le Maine et souffrira toute sa vie d'un lourd handicap physique. Elle vivra dans la maison de ses parents jusqu'à sa mort, en milieu rural, menant une existence rude et solitaire.
Mais à l'aube de ces cinquante ans, un jeune peintre épousera sa voisine et éprouvera dès lors une véritable fascination artistique pour la région et particulièrement pour la maison de Christina et ses habitants.
Ce peintre n'est autre d'Andrew Wyeth, célèbre artiste américain, qui est notamment admiré pour ses toiles réalistes et énigmatiques.
La rencontre de Christina et Andy va bouleverser leur vie, une amitié sincère va naître entre eux, qui leur permettra d'exprimer leur véritable personnalité, de trouver l'écho juste à leur être profond. J'ai adoré ce roman de Christina Baker Kline, la plume de l'auteure est moderne, les personnages sont dépeints avec justesse et profondeur.
Le personnage de Christina m'a bouleversé, suivre son évolution, les épreuves qu'elle doit traverser ( sa souffrance physique et mentale, l'arrêt forcé de ses études, ses espoirs éteints, son quotidien domestique ), ne peuvent que toucher le lecteur et faire naître une grande empathie pour cette femme si courageuse. Elle se battra jusqu'au bout pour conserver sa dignité et refusera pendant des années de se déplacer en fauteuil roulant, considérant cela comme un abandon face à la maladie. L'art est au centre du roman, l'auteure nous présente un artiste passionné et nous partage son univers d'ombres et de couleurs. L'immersion est fascinante.
Le regard de l'artiste sur la vie ordinaire de Christina rend chaque objet émouvant, par son génie et sa sensibilité, il parvient à saisir l'essence et la beauté de cette vie isolée et routinière.
Même si la nature alentour est sublime, ce qui plaît à l'artiste c'est le contraste, celui de cette maison délabrée face au paysage.
L'amitié d'Andrew et Christina est merveilleuse, ils se ressemblent. Quand Andy finit par peindre son portrait, Christina est comme délivrée car elle se sent enfin comprise, c'est magnifique. Une histoire d'amitié hors du commun, le destin d'une femme handicapée dans l'Amérique du début du XXe siècle et l'émergence d'un artiste emblématique. Un roman riche et délicat, une très bonne lecture.
Ma note ★★★★☆
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